Antoine Bondaz
30 août 2019 Version PDf
L’ histoire de la péninsule coréenne est indissociable des tentatives d’influence des puissances avoisinantes et de la présence d’un discours de victimisation tant à Séoul qu’à Pyongyang. Ces deux facteurs sont parfaitement intégrés dans le proverbe coréen affirmant que, lorsque les baleines se battent, ce sont les crevettes qui ont le dos brisé.
Lors de notre séjour à Séoul en juillet dernier, le discours tenu par la proviseure et des étudiants du lycée Hankyoreh, en charge de l’éducation des jeunes réfugiés nord-coréens en Corée du Sud, ressemblait beaucoup à celui tenu par l’ambassadeur nord-coréen à Londres, Hyon Hak-bong, qui confiait au Guardian en 2016 : « Notre nation a été persécutée pendant des siècles par un envahisseur puis par un autre.».«North Korea’s uk Ambassador: “We Want Peace, But We’ve Been Victimised” », TheGuardian.com, 13 janvier 2016. Ils ajoutaient que les grandes puissances devraient désormais laisser les deux Corées choisir leur propre destin pour in fine parvenir à la réunification de la péninsule, évitant en cela d’aborder les désaccords profonds entre deux régimes politiques qui ne peuvent pas accepter de se réunifier sur un pied d’égalité.
Malgré leur antagonisme et leurs différences fondamentales, les deux Corées sont confrontées au même défi: la recherche d’un difficile équilibre entre dépendance et autonomie vis-à-vis des puissances régionales. Le rapprochement entre les deux Corées à partir de début 2018, après avoir atteint un plus bas historique depuis la fin de la guerre froide entre 2016 et 2017, du fait de l’absence de commerce, de coopération et même de dialogue intercoréen, permet à ces pays d’afficher leur volonté commune de réduire les influences étrangères. Et pourtant, les deux Corées, bien que mettant en avant leur désir d’autonomie, sont profondément dépendantes de leurs alliés et partenaires respectifs.