Christian Maire
Stéphane Delory
9 janvier 2024 Version PDf
Introduction
Les progrès très rapides de la Corée du nord en matière balistique, observés d’abord sur la propulsion solide de diamètre moyen (KN-23 notamment) puis sur la propulsion liquide (Hwasong-12, Hwasong-15 et Hwasong-17), ont connu une nouvelle accélération avec le lancement, le 13 avril 2023, du premier ICBM à propulsion solide nord-coréen, le Hwasongpho-18 (HS-18). Si la Corée du Nord travaillait déjà sur des missiles à propulsion solide de gros diamètre, notamment à travers les évolutions des programmes Pukguksong, les avancées restaient relativement ambivalentes, les essais démontrant une courbe d’apprentissage rapide dans le domaine du lancement d’un missile en milieu sous-marin mais une maîtrise apparemment moindre en matière de propulsion. Le HS-18 marque de ce point de vue une réelle rupture, le missile ayant été testé deux fois sur des portées équivalentes à des portées intercontinentales, suivant de surcroît des trajectoires complexes. Les ingénieurs nord-coréens ont ainsi démontré non seulement qu’ils avaient surmonté les problèmes qu’ils avaient rencontrés en matière de propulsion mais aussi qu’ils étaient capables de concevoir des engins disposant de systèmes de pilotage avancés, hissant les systèmes balistiques à propulsion solide nord-coréens à des niveaux qualitatifs jusqu’alors estimés comme hors d’atteinte pour un Etat proliférant. Cette rupture, inexplicable si le HS-18 était un missile conçu à partir de capacités nationales développées à travers la prolifération balistique, devient nettement plus compréhensible lorsque l’on s’attarde sur les caractéristiques du missile, qui tendent à montrer que ce système d’arme présente des similitudes avec des systèmes stratégiques existants, laissant supposer des liens possibles avec des entités étrangères. Ce dernier point pose évidemment de très nombreuses questions.