Philippe Gros
5 avril 2024 Version PDf
La guerre de la navigation (Navigation Warfare, NAVWAR) désigne « [l’] action défensive et offensive délibérée visant à assurer et à empêcher la transmission d'informations sur le positionnement, la navigation et la synchronisation grâce à l'emploi coordonné d'opérations de guerre spatiale, cybernétique et électronique ».
L’information de PNT a toujours été nécessaire, sinon vitale, à l’action des forces militaires, dans l’ensemble de leurs fonctions opérationnelles. Le Global Positioning System (GPS) américain a néanmoins provoqué une rupture en fournissant une source de données de positionnement, de vélocité et de temps (PVT) tout à la fois absolue, d’une précision croissante (avec l’évolution continue des techniques de traitement du signal), plus polyvalente et en général moins coûteuse à exploiter que les techniques et équipements précédents. Ce saut capacitaire a en retour démultiplié les attentes en matière de PNT et de capacités en résultant : suivi en temps réel de la position des unités, frappe de précision bas coût à toutes les portées, synchronisation des systèmes de communication à l’échelle globale, etc. La rupture s’est aussi produite à l’échelle des sociétés, affectant nombre de ses secteurs : communication, finance, transport, agriculture, etc. Les États-Unis ont donc été suivis par les grandes puissances dans la maîtrise de cette manne informationnelle : Galileo européen, Glonass russe, BeiDou chinois, QZSS japonais, NavIC indien, en attendant les systèmes sud-coréen ou encore turc.