La stratégie des entreprises étrangères en Europe

INTRODUCTION

A l’heure où les entreprises européennes de défense recherchent des relais de croissance sur les marchés grand export, leurs positions sur leur marché domestique respectif, et plus généralement sur le marché européen, apparaissent de plus en plus contestées. Si la demande européenne en matière d’équipements de défense a marqué le pas ces dernières années (les plus importants taux de croissance se trouvant en zones Proche et Moyen Orient et Asie), l’Europe n’en reste pas moins un marché attractif aux yeux des fournisseurs non européens. Historiquement, ce sont les groupes américains et, dans une moindre mesure, israéliens qui ont fait montre d’un dynamisme avéré à destination de l’Europe, le marché britannique en représentant un point d’entrée privilégié. Au cours de la dernière décennie, ces groupes ont consolidé leur présence et ont été rejoints par des entreprises relevant d’autres Etats tiers comme le Brésil, la Corée du Sud ou encore Singapour.

L’évolution des stratégies et des pratiques d’acquisition des Etats européens explique en partie cette diversification du profil des fournisseurs des forces armées : effet de la directive MPDS, mais également souhait de certains Etats producteurs de limiter leur dépendance vis-à-vis d’entreprises domestiques en situation quasi-monopolistique sur certains segments (incitation à se restructurer et à améliorer sa compétitivité), recherche de partenaires stratégiques (étatiques et industriels) à même d’accompagner la montée en compétence de la BITD nationale. Un autre facteur, particulièrement puissant, a joué et continue de jouer actuellement en faveur de l’entrée sur le marché d’entreprises non européennes, c’est le facteur politique. En effet, plus qu’un simple acte commercial, le fait d’acquérir des équipements de défense auprès de fournisseurs étrangers (a fortiori des équipements majeurs) relève d’un acte politique. Il s’inscrit généralement dans le cadre de partenariats politiques, militaires et/ou industriels de niveau stratégique. De ce point de vue, l’historicité et la profondeur des relations défense nouées par de nombreux Etats européens avec les Etats-Unis créent un contexte particulièrement favorable à l’implantation durable de groupes américains sur le territoire de l’Union. Dès lors, au sein de l’UE, les différences d’orientations politiques en matière de défense et de sécurité, l’hétérogénéité des stratégies et des pratiques d’acquisition, les différences de maturité industrielle et technologique et d’ambitions (avec des Etats producteurs-exportateurs historiques, des Etats aux compétences de niche et équipementières, des Etats souhaitant développer une BITD, et d’autres purement acheteurs) offrent d’importantes marges de manoeuvre aux fournisseurs étrangers.

Ainsi, afin d’analyser les stratégies des entreprises étrangères en Europe, cette étude s’attache, au sein d’une première partie, à appréhender sous un angle théorique les modalités d’entrée et de présence des entreprises sur les marchés étrangers. Dans le cadre d’une seconde partie, nous appliquerons cette grille de lecture sur un panel d’entreprises ressortissantes d’Etats non membres de l’UE. Cette analyse portant sur 19 cas d’entreprises permettra de mettre en exergue les différentes stratégies d’entrée déployées par les fournisseurs étrangers sur le marché européen de la défense. Une troisième partie s’attachera à comparer les entreprises du panel (déterminants et incitations à l’entrée sur les marchés, stratégies mobilisées, territoires d’implantation et marchés clé) et à confronter les résultats à ceux d’un panel d’entreprises ressortissantes d’Etats membres de l’UE.

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