Contrainte énergétique et changement climatique pour les armées : de la nécessité d’un « plan C »

Résumé

La raréfaction des ressources fossiles ainsi que le changement climatique pressent les armées de revoir leurs modèles de réflexion sur l’ensemble de la chaîne logistique mais aussi à adapter leurs équipements en conséquence. La pensée majoritairement avancée jusqu’à présent est celle d’une adaptation du système par une compensation technologique. Or, cette compensation reste également soumise d’une part à des contraintes physiques (raréfaction d’autres ressources annexes, telles que les terres rares nécessaires à la fabrication des technologies en question), d’autre part à des résultats parfois contre-productifs d’un point de vue économique, de l’efficacité énergétique ou encore sécuritaire.

Partant de ce constat, les risques identifiés seraient un manque de consistance dans les efforts à fournir, car ceux-ci seraient, en l’état, trop dilués et mal cadrés au regard des missions et enjeux auxquels l’armée française doit faire face. De fait, trois scénarios sont envisagés ici, avec chacun son fil de pensée, ses opportunités et ses limites

  • Le plan A envisage l’inertie du système énergétique et capacitaire sur la base actuelle, supposé tenir jusqu’en 2050, et incite à approfondir les méthodologies existantes de sécurisation des approvisionnements en énergies fossiles dont l’utilisation devra perdurer encore quelques décennies (par exemple par la constitution de stocks stratégiques, etc.).
  • Le plan B correspond à la volonté de répondre aux enjeux climatiques et énergétiques par de nouvelles technologies de type high tech et propose par exemple la recherche de carburants alternatifs, d’hybridation des systèmes ; néanmoins, les résultats finaux peuvent être amenés à devenir contre-productifs en raison de nouvelles contraintes liées (rapport poids/puissance, accumulation de systèmes complexes, etc.).
  • La proposition d’un plan C donne une ouverture sur des pistes de réflexion complémentaires qui offriraient certaines opportunités jusqu’à présent (quasi) absentes des textes doctrinaux, normes ou autres documents militaires. En effet, les projections entrevoyant des risques systémiques croissants sur l’approvisionnement en ressources, il s’agirait alors de mettre en valeur les notions de résilience des systèmes et de sobriété énergétique (usage du low tech, logistique anticipatrice, etc.).

En somme, la combinaison de ces trois scénarios dans une réflexion transverse et complète au sein des armées permettrait d’éviter les risques de dilution des efforts en matière énergétique et face aux changements climatiques. Cette piste de réflexion invite à une coordination des efforts primant sur la recherche de « faire plus avec moins », particulièrement autour des questions de mobilité (exemple : recours plus fréquent au ferroviaire sur le territoire national), l’engagement humain (entre autres par l’augmentation du nombre de réservistes), la prolongation de la vie de certains équipements.

 

 

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