« A ReSTART for US Russian Nuclear Arms Control » : Renforcer la sécurité par la coopération
Observatoire de la dissuasion n°81
décembre 2020
Pranay Vaddi et James Acton affirment que la Russie et les États-Unis devraient entamer dès que possible des négociations sur un traité mutuellement bénéfique prenant la suite du New Start et, pour gagner du temps dans ce processus, prolonger le New Start sous sa forme actuelle pendant 5 ans.James Acton et Pranay Vaddi, « A ReSTART for U.S.-Russian Nuclear Arms Control: Enhancing Security Through Cooperation », Carnegie Endowment for International Peace, 2 octobre 2020. Selon Vaddi et Acton, la nécessité stratégique pour les États-Unis et la Russie d’un nouveau traité de maîtrise des armements est justifiée par deux facteurs : premièrement, cela permettrait d’éviter une accumulation coûteuse et dangereuse d'armes (en facilitant de manière vérifiable la parité des armes stratégiques à un niveau inférieur à celui qui aurait été atteint autrement), et deuxièmement, cela réduirait le risque d’escalade (par exemple, en aidant à gérer les craintes par la limitation des capacités offensives ou en interdisant les technologies déstabilisantes – notamment celles qui pourraient être utilisées pour attaquer les forces nucléaires d’un adversaire). La forte dégradation des relations américano-russes accroit pour les auteurs le poids de ces arguments.
L’article de Vaddi et Acton suggère plusieurs critères pour l’émergence d’un nouveau traité, en utilisant le New Start comme base de négociation. Ces dispositions sont les suivantes :
- Établir des limites globales pour les nouveaux types d'armes offensives stratégiques, à savoir engins à portée intercontinentale sur des trajectoire planante mis en œuvre depuis des lanceurs terrestres (Intercontinental ground-launched boost-glide missiles, IGLBGM) et les torpilles à propulsion nucléaires (nuclear-powered torpedoes, NT) – qu’elles soient à tête nucléaire ou conventionnelle. Ces seuils devraient également permettre de réduire le nombre de têtes déployées par rapport au nombre de vecteurs déployés.
- Établir des restrictions sur la recherche, la production et/ou le déploiement d’une série de systèmes d’armes qui ont ou pourraient avoir des portées stratégiques, à savoir les missiles de croisière à propulsion nucléaire, les missiles balistiques tirés depuis un aéronef (air-launched ballistic missile, ALBM) et les planeurs hypersoniques en version air-sol et mer-sol.
- Exiger qu’une conversion à une finalité exclusivement conventionnelle de tout ou partie de certains systèmes d’armes déployés, (afin de les détacher ainsi de la comptabilité des armes nucléaires stratégiques, comme ce fut le cas pour quelques bombardiers B‑52H et lanceurs SLBM par les Etats-Unis dans dans le cadre du Traité New Start), suive des procédures et pratiques précédemment acceptées par les États-Unis et la Russie, tout en adoptant des mesures de transparence supplémentaires pour renforcer la confiance dans l’efficacité des procédures.
- Limiter davantage les nouveaux types d’armes stratégiques offensives, notamment par une disposition plus stricte qui exige que les nouveaux types d’armes (nucléaires et non nucléaires de portée stratégique) soient automatiquement comptabilisés dans le futur traité.
- Mettre en place un mécanisme de vérification qui reflète largement celui de New Start – compte tenu de son efficacité démontréeLes responsables militaires actuels et anciens reconnaissent la valeur des dispositions de vérification du traité New Start pour la planification militaire. – mais en s’appuyant davantage sur les moyens techniques nationaux (renseignement) pour certains systèmes en particulier.
Selon Vaddi et Acton, les principaux obstacles à la réalisation d’un accord prenant la suite du New Start tel que proposé sont d’ordre politique. Ces obstacles comprennent la politique intérieure américaine et, plus important encore, l’état désastreux des relations américano-russes, qui rend plus difficile pour chaque État d'accepter les compromis requis (pour les États-Unis, la non-prise en compte des armes nucléaires non stratégiques et des forces nucléaires chinoises ; pour la Russie, la non-prise en compte des systèmes de défense antimissile). Mais les négociations en vue d’un nouveau traité sur les armes offensives stratégiques ne sont pas le bon forum pour traiter de ces préoccupations de sécuritéPlusieurs suggestions sont proposées pour mieux gérer ces préoccupations, y compris par exemple des mesures de transparence et de confiance politiquement contraignantes., et étendre la portée de ces négociations pour tenter de les résoudre pourrait risquer de mettre en péril les négociations. C’est pourquoi Vaddi et Acton recommandent de maintenir une approche étroite pour les négociations pour traiter de l’accord successeur à New Start et de poursuivre des négociations séparées pour traiter de ces autres questions.
« A ReSTART for US Russian Nuclear Arms Control » : Renforcer la sécurité par la coopération
James Acton et Pranay Vaddi
Bulletin n°81, novembre 2020