Nicolas Mazzucchi
19 août 2020 Version PDf
Résumé
Les États-Unis ont été les pionniers de la prise en compte des enjeux à la fois de sécurité énergétique opérationnelle mais aussi des changements climatiques dans l’action des forces armées. Désireux de sortir d’un système énergétique quasi-exclusivement fondé sur les carburants pétroliers, les forces armées américaines ont initié, dès la fin des années 2000, des ré-flexions et expérimentations sur les nouveaux modes et usages énergétiques.
Le poids de l’orientation politique des présidences s’est fait particulièrement sentir, d’abord en faveur puis en défaveur de ces nouvelles technologies. Ainsi, à une administration Obama très préoccupée des enjeux de sécurité énergétique et de lutte contre les changements climatiques, a succédé une administration Trump marquée par une profonde modification des priorités du Department of Defense (DoD). Les changements d’organisation et d’orientation semblent ainsi avoir signé la fin de la prise en compte de ces enjeux comme priorité doctrinale et opérationnelle, à l’exception notable de l’Army.
Néanmoins, cette réorientation ne signifie pas un abandon des initiatives engagées, en particulier au niveau technologique. Les décideurs militaires américains sont notamment tout à fait conscients de l’importance des nouvelles technologies énergétiques, en particulier sur la production et l’utilisation d’électricité. Avec l’entrée en service d’équipements de plus en plus énergivores, les forces armées américaines doivent prendre en compte de manière toujours plus importante la problématique de la gestion énergétique opérationnelle, notamment en termes de sobriété.
En ce sens, la création en 2007 de l’ARPA-E a marqué un tournant important. Envisagée comme un spin-off de la DARPA pour les technologies énergétiques civiles, l’ARPA-E est un acteur majeur du développement des nouvelles technologies stratégiques dans ce domaine. Elle travaille de manière étendue sur les énergies, aussi bien en termes de production que d’utilisation et d’optimisation. De fait l’ARPA-E bénéficie d’une coopération étroite avec la DARPA et d’autres acteurs du DoD pour un certain nombre de technologies d’utilisation duale comme les batteries à grande capacité, les biocarburants ou les moteurs électriques sans terres rares.