Premier budget de la Défense pour l’administration Biden

Comme à chaque administration nouvelle, la publication des propositions budgétaires par le Pentagone le 31 mai 2021 a été scrutée aux États-Unis pour y déceler d’éventuelles inflexions de politique en amont de la publication de la prochaine NPR. Publiée relativement tardivement au regard des précédentes éditions, ce document est en réalité très cohérent avec les tendances et estimations esquissées sous l’administration républicaine, en dehors de quelques augmentations de budget sensibles. Ainsi, le budget global de la dissuasion requis pour l’année fiscale (FY) 2022 s’élève à 27,7 milliards de dollars. L’année dernière, ce chiffrage était prévu à 30 milliards, toutefois à l’étude, cette évolution ne reflète pas une baisse sur les principaux chiffrages mais une différence de périmètre, notamment en matière de NC3 (communication et contrôle). Le budget requis pour le NC3 a en réalité été augmenté de 43 millions cette année. En ajoutant le budget de la NNSA pour les armes nucléaires, la modernisation et la maintenance de la dissuasion américaine devraient représenter 5,7% du budget de la défense nationale en FY22.

Au niveau des programmes, les grandes composantes de la recapitalisation de la Triade continuent de progresser. Ainsi, du côté de l’Air Force, le B‑21 est financé pour sa partie R&D à hauteur de 2,872 milliards pour FY22, une estimation quasiment équivalente avec ce qui était anticipé l’année dernière. Pour la première fois, un budget est requis au niveau des acquisitions, à hauteur de 108 millions de dollars. Aucune information n’est donnée sur la suite du programme, dont l’achèvement nominal de la phase de R&D est toujours porté au dernier trimestre 2026.

Concernant le GBSD, une augmentation d’environ 17 millions est prévue en FY22 (2,5 milliards) pour s’ajuster aux dernières estimations indépendantes publiées sur le coût total du programme. Pour 2021, le Congrès avait réduit d’environ 77 millions l’enveloppe réclamée, un montant considéré comme « excessif aux besoins ». Le GBSD bénéficie également de fonds au titre de la construction militaire, avec 168 millions requis pour FY22, et des acquisitions (11 millions).

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Le LRSO est dans une situation analogue, mais l’augmentation prévue est plus sensible (609 millions requis pour FY22 cette année, contre 359 millions anticipés l’année dernière pour la même période). À noter que le Congrès avait voté une enveloppe réduite de 89 millions l’année dernière pour FY21 pour financement excessif. L’augmentation requise cette année est uniquement explicitée par les exigences du programme et une accélération de la phase d’ingénierie et de développement technique.

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Au niveau de la Marine, le nouveau programme de SNLE Columbia poursuit une tendance de baisse générale pour ce qui est de la R&D et de hausse importante en matière d’acquisition. De manière combinée, cela porte le budget total pour FY22 à plus de 5 milliards de dollars. Là encore, une augmentation est observée par rapport aux prévisions, avec 100 millions ajoutés au titre de la R&D.

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La plus grande surprise concernant ces propositions budgétaires provient sans doute de la décision de requérir le financement du SLCM‑N, une arme qui avait été très critiquée par les Démocrates. Cette nouvelle ligne s’appuie sur les analyses de la NPR 2018 et prévoit pour l’instant l’allocation de 5,2 millions pour les travaux préliminaires de définition de l’arme recherchée. À noter qu’une proposition de loi a été déposée à la Chambre des Représentants en mars 2021 pour interdire le financement de ce type de missile de croisière naval à capacité nucléaire, sous l’impulsion de Joe Courtney (D-CT)H.R.1554 – Nuclear SLCM Ban Act of 2021, Congress.gov, 3 mars 2021..

La continuité observée dans les propositions budgétaires pour FY2022 peut s’interpréter de plusieurs manières. Il est possible que l’administration démocrate n’ait pas eu le temps de procéder à des révisions de politiques, plusieurs personnes clés n’ayant été confirmées que très récemment. Il est également possible que l’administration ait fait le choix de conserver la programmation existante dans l’attente de la finalisation de sa NPR. Enfin, ces projections budgétaires pourraient être l’illustration d’une résilience d’une forme de consensus bipartisan dans le domaine de la dissuasion, plus importante que ce qui avait pu être anticipé lors de l’élection de Joe Biden.

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