Point d’étape sur le programme de renouvellement des SNLE britanniques « Dread-nought »

En septembre 2022, la chambre des Communes a publié un documentClaire Mills, Replacing the UK's strategic nuclear deterrent: Progress of the Dreadnought class qui fait un point sur le programme « Dreadnought » de renouvellement des SNLE britanniques « Trident ». Ce programme, particulièrement structurant, a été officiellement lancé en 2016, avec une organisation progressivement conçue spécialement pour parvenir à tenir les délais et les budgets, et éviter les erreurs commises dans le cadre du programme de sous-marins d’attaque AstuteEmmanuelle Maitre, « Programme Dreadnought : progrès et interrogations », Bulletin n°55, Observatoire de la Dissuasion, FRS, juin 2018..

Ainsi, la création de la « Submarine Delivery Agency » a été annoncée en 2015 pour gérer les marchés liés au programme au niveau de la phase d’acquisition. L’agence a commencé à fonctionner à partir de 2017 et emploie, cinq ans plus tard, 1 540 personnes, civils et militaires.

Un consortium a également vu le jour en 2018 regroupant le ministère de la Défense, BAE Systems et Rolls Royce pour optimiser la performance des parties prenantes et mieux gérer la répartition des risques. 2 500 fournisseurs sont réputés participer au programme, principalement au Royaume-Uni, avec quelques pièces fournies par des entreprises étrangères, en particulier des pièces en acier fournies par des sous-traitants français.

Le ministère de la Défense britannique a communiqué à intervalles réguliers sur l’avancée du programme, en confirmant notamment en 2021 que le calendrier était respecté et que le budget serait conforme aux estimations initiales, autour de 31 milliards de livres sterling, avec 10 milliards supplémentaires provisionnés en cas de contingence. Des efforts ont été faits, à enveloppe constante, pour concentrer une partie des fonds dans les premières années du programme via la redirection de budgets du ministère de la Défense, et 1 milliard a été retiré à ce jour du plan de contingence. Alors que le National Audit Office avait émis des interrogations sur l’utilisation du fonds de contingence (perçu comme un « chèque en blanc »), et sur des problèmes de gestion au début du programme, les autorités ont assuré que les changements de management permettaient de remédier à ces difficultésMinistry of Defence Equipment Plan 2021–31, House of Commons, Committee of Public Accounts, HC 1164, 11 mai 2022..

Pour rappel, la première phase a été ouverte en septembre 2016, avec le lancement de la construction du navire de tête. En mai 2018, le MoD a signé les contrats marquant le début de la deuxième phase, visant à finaliser la construction du premier SNLE (HMS Dreadnought) et entamer le second (HMS Valiant). Cette phase s’est notamment focalisée sur la propulsion nucléaire. Devant initialement prendre fin en 2021, cette phase a duré une année supplémentaire du fait de l’épidémie de Covid‑19. En mai 2022, le MoD a attribué les premiers contrats de la phase 3, qui verra l’achèvement du HMS Dreadnought. Le MoD estime que ce retard ne remet pas en cause le calendrier global du programme, toujours prévu pour s’achever au début des années 2030.

Parmi les éléments pouvant susciter des interrogations, figure l’acquisition du compartiment à missiles, développé conjointement aux États-Unis, pour lequel l’US Government Accountability Office a pointé des risques de retard substantiels probablesUS Government Accountability Office, Columbia class submarine, GAO‑21-257, janvier 2021.. Pour autant, les tubes du navire de tête ont bien été intégrésGeorge Allison, « All missiles tubes now delivered for HMS Dreadnought », UK Defence Journal, 16 décembre 2021..

 

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Point d’étape sur le programme de renouvellement des SNLE britanniques « Dread-nought »

Emmanuelle Maitre

Bulletin n°104, décembre 2022



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