Sommaire du n°1 :
En décembre 2012, lorsque le gouvernement polonais adoptait le plus ambitieux programme de modernisation des forces armées nationales de ces 20 dernières années, évalué à 30 milliards d’euros sur 10 ans, il visait deux objectifs intrinsèquement liés. Le premier porte sur le remplacement des équipements militaires datant encore de l’ère soviétique par des systèmes d’armes de nouvelle génération, permettant aux forces armées polonaises non seulement de participer aux opérations extérieures aux côtés de leurs alliés, mais également de renforcer la défense du territoire polonais dans le contexte de la remise en question par la Russie de l’architecture européenne de sécurité. A cet objectif de saut technologique, s’ajoute l’ambition d’achever la dernière étape de restructuration de l'industrie polonaise d'armement, entamée en 1999, par le biais d’un renforcement des capacités industrielles et technologiques nationales. Ce développement des compétences passe par une participation des industriels polonais aux programmes d'armements nationaux et internationaux, et ce, dès les premières phases, de la R&T au développement, jusqu’à la production, au MCO et au démantèlement. Pour ce faire, le gouvernement polonais a lancé, en février 2014, la création du Groupe polonais d’armement (Polska Grupa Zbrojeniowa, PGZ), regroupement de 17 entreprises contrôlées par l’Etat et considérées comme les plus performantes. Cette opération d’ampleur marque la première phase de cette ultime consolidation du secteur. PGZ intègre ainsi le constructeur des véhicules blindés de combat d'infanterie Rosomak, ou encore les entreprises censées participer de manière active aux deux prochains marchés notifiés en 2014 : l'acquisition de 70 hélicoptères (multirôle et transport ; recherche et sauvetage ; lutte anti sous-marine) et modernisation du système de défense antiaérienne et antimissile. Avant la fin de cette année, d’autres entreprises doivent rejoindre le PGZ, venant ainsi achever la consolidation de l’industrie de défense polonaise. A terme, le PGZ devrait regrouper 14 000 salariés et dégager un bénéfice de 5 milliards de zloty (1,2 milliards d’euros) par an. Afin de stimuler le développement du nouveau groupe industriel, le président polonais Bronislaw Komorowski a annoncé, lors de la visite du président américain Barack Obama en Pologne, le 4 juin 2014, une hausse du budget militaire, pour atteindre 2% du PIB contre 1,95% actuellement, soit une augmentation des crédits de plus de 700 millions de zloty par an.
Véhicules blindés : principaux industriels polonais
Au cours des mois d’octobre et de novembre 2013, la commande de 307 Rosomak supplémentaires et l’acquisition de 119 chars Leopard, doivent non seulement permettre de renforcer les capacités de défense des forces armées polonaises mais également consolider le secteur polonais de l’armement terrestre. Ce secteur est aujourd’hui composé de plusieurs acteurs clés de l’industrie polonaise de défense. Wojskowe Zaklady Mechaniczne, devenu en mars 2013, Siemionowice Slaskie–Rosomak SA, produit depuis 1996 le BRDM-2, et depuis 2005, le KTO Rosomak, amené à devenir l’un des produits phares de l’entreprise à l’exportation. Plusieurs dizaines d’exemplaires seront dotés d’une tourelle mortier-canon de 120 mm (RAK), produit par un autre acteur industriel de premier plan, Huta Stalowa Wola, fournisseur des forces armées polonaises en obusiers Krab de 155 mm, lance-roquettes multiples WR-40 Langusta, véhicules de transport, de ravitaillement et de maintenance des unités de soutien et de logistique. Egalement impliqué dans la production du Rosomak (version WEM-véhicule d'évacuation médicale), AMZ-Kutno a développé une famille de véhicules militaires, comme le Dzik, un véhicule blindé d'infanterie 4x4 (disponible en quatre versions), le Tur, un véhicule blindé léger de patrouille et d'infanterie ou encore le Zubr, véhicule de transport de troupes, spécialement conçu pour offrir une protection optimale contre les IEDs.
Zakłady Mechaniczne "Bumar-Łabędy" SA, partie intégrante du groupe PHO (anciennement BUMAR), propose actuellement les chars PT-91 Twardy, bientôt remplacés par le char furtif PL-01, développé en coopération avec Osrodek Badawczo Rozwojowy Urzadzen Mechanicznych (OBRUM) et BAE Systems. "Bumar-Łabędy" est également chargé de moderniser une partie des chars Leopard, tout comme Wojskowe Zakłady Motoryzacyjne de Poznan, constructeur des véhicules blindés de transport Rys et IRBIS RCWS 30.
Budget de défense sanctuarisé
Après les coupes budgétaires de 2013 (480 millions d’euros), les dépenses militaires polonaises devraient atteindre 32 milliards PLN (7,7 milliards d’euros) en 2014.
Plus de 2 milliards d’euros seront consacrés à la modernisation des forces armées polonaises, dont 844 millions d’euros pour les 14 programmes stratégiques.
Quelles priorités ?
Compte tenu de l’instabilité grandissante en Europe orientale, le ministère polonais de la Défense privilégie le développement du système de défense antimissile et antiaérienne (Wisla), le renforcement de la mobilité des forces terrestres et l’amélioration des systèmes de communication, de commandement et de conduite des opérations. La sélection du fournisseur des 70 hélicoptères multirôles, pour un montant total avoisinant les 2 milliards d’euros, devrait intervenir avant la fin de l’année.
D’ici 2022, la Pologne dépensera
- Drones tactiques et de combat : plus de 720 millions d’euros
- Véhicules blindés, dont le KTO Rosomak : 1,8 milliards d’euros
- Engins blindés, dont 118 chars Leopard : 2,1 milliards d’euros
- Équipements d’infanterie : 1,6 milliards d’euros