La crise nord-coréenne

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Dossier d'actualité : La crise nord-coréenne

Faits et chiffres sur les essais balistiques et nucléaire nord-coréens

Dernière mise à jour : 27 février 2019

La Corée du nord a considérablement accéléré ses essais de missiles balistiques et d’armes nucléaires sous le régime de Kim Jong-un, diversifié ses programmes et modes de lancements, multiplié les exercices. En 2017, elle a franchi des sauts qualitatifs importants. Elle pourrait disposer aujourd’hui de plusieurs dizaines d’armes nucléaires (jusqu’à 60). Sa capacité à placer un engin opérationnel sur un vecteur à longue portée reste sujette à caution, mais Washington et les pays de la région estiment devoir partir du principe que cette capacité est acquise.

Le 3 juillet 2017, la Corée du Nord a testé un missile Hwasong-14 (KN-20) à deux étages. Le missile tiré depuis le site de Kusong (extrême nord-ouest du pays) a volé sur 950 km avec une apogée de 2.800 km (trajectoire « en cloche »). Ce test est généralement considéré comme le premier tir d’un missile à portée intercontinentale (plus de 7.500 km) par Pyongyang. Le missile a été tiré le jour de la fête nationale des Etats-Unis (en heure américaine).

Le 29 juillet, la Corée du Nord a de nouveau testé un missile Hwasong-14 (KN-20) sur le même mode, sur une trajectoire plus longue (1.000 km) et une apogée de 3.800 km (peut-être avec un deuxième étage plus lourd). Le temps de vol exceptionnellement long de ce missile, tiré depuis le site de Mupyong-ni (extrême nord du pays) a été de 47 minutes. Le missile s’est abîmé dans la Zone d’exclusion économique du Japon. Pour la première fois, le lancement a eu lieu la nuit, peut-être dans le but de démontrer une capacité « opérationnelle ». Il est généralement admis que ce test lui permet de disposer désormais de la capacité de menacer la côte ouest des Etats-Unis avec une charge d’environ 500 kg et, peut-être, une partie de la côte est avec une charge plus légère. Le missile pourrait avoir une portée maximale comprise (selon les évaluations) entre 9.000 et 10.400 km. Le tir a été réalisé deux jours après le « Jour de la Victoire », anniversaire de la fin de la guerre de Corée.

Le 29 août, la Corée du Nord a testé un missile Hwasong-12 (KN-17). Cet engin tiré depuis une base proche de l’aéroport de Pyongyang, de portée dite intermédiaire (4.000 km) a volé sur 2.700 km, avec une apogée d’environ 550 km. Si Pyongyang avait par quatre fois tiré un engin de lancement spatial au-dessus du Japon, c’est la première fois qu’elle faisait de même avec un missile balistique. Ce missile a été tiré le jour anniversaire de l’annexion de la Corée par le Japon en 1910. Si le système d’alerte semble avoir bien fonctionné, aucune tentative d’interception n’a été faite, si tant est qu’elle ait été possible.

Le 3 septembre à midi (heure locale), la Corée du Nord a procédé à une explosion nucléaire expérimentale. L’amplitude de la secousse sismique est désormais estimée à 6.1 par le réseau international de l’OTICE et par la Norvège, ce qui autorise une évaluation de l’énergie dégagée à environ 250 kilotonnes, estimation qui reste sujette à caution en raison du manque de données sur la configuration exacte du puits. C’est en tout cas de très loin l’essai le plus puissant jamais effectué par un pays dit « proliférant ».Les comparaisons avec Hiroshima et Nagasaki doivent être faites avec précaution : un engin dont l’énergie est environ dix fois celle de l’engin Fat Man (20-25 kt) produit des effets environ deux fois supérieurs. La nature de l’engin est encore incertaine, mais ce niveau d’énergie conduit à ne retenir que deux hypothèses : (a) un engin à fission exaltée (bombe A « dopée »), (b) un engin thermonucléaire (bombe H, que Pyongyang affirme maîtriser), hypothèse jugée aujourd’hui crédible par les Etats-Unis. La détection de radionucléides dans l’atmosphère – qui peut prendre plusieurs semaines – pourrait apporter des éclaircissements sur la formule d’arme.

Le 14 septembre, la Corée du Nord a de nouveau testé un missile Hwasong-12 (KN-17) de portée intermédiaire, depuis la même base. Son temps de vol a été de 17 minutes. Il a atteint une apogée d’environ 700 km et a parcouru une distance totale de 3.700 km (une distance prouvant la capacité du pays à atteindre Guam). Il s’est abîmé en mer à environ 2.000 km à l’est du Japon. Il s’agissait du 19ème test de missile (en comptant les nombreux essais de missiles à courte portée) effectué par la Corée du Nord en 2017. Le missile a survolé le territoire japonais.La trajectoire du missile l’a conduit à passer au sud de l’île de Hokkaido, peut-être pour limiter les dommages causés par les débris en cas d’explosion en vol. Si le système d’alerte semble avoir bien fonctionné, aucune tentative d’interception n’a été faite, si tant est qu’elle ait été possible.

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Publications

Nucléaire nord-coréen : des armes de légitimation politique, Antoine Bondaz,

Revue Défense nationale

, Article, été 2018
Corée du nord : au-delà de la crise nucléaire, Antoine Bondaz,

Politique internationale

, Article, mai 2018
Trump et la Bombe, Bruno Tertrais,

Politique internationale

, Article, mai 2018
L'avenir de la Corée du Nord, Antoine Bondaz, Juliette Morillot,

Institut Diderot (Les Carnets des Dialogues du Matin)

, Article, décembre 2017
After Nuclear First Use, What? , Vince A. Manzo, John K. Warden, Observatoire de la dissuasion n°55, juin 2018

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