Strategic Stability, Uncertainty and the Future of Arms Control
Observatoire de la dissuasion n°54
mai 2018
Pour Heather Williams, the NPR de l’Administration Trump traduit une nouvelle approche de l’environnement stratégique mais également une version altérée du concept de stabilité stratégique. Ainsi, elle accorde une grande importance aux provocations russes en Europe, aux menaces inter-domaines et aux évolutions technologiques à venir. Pour l’experte américaine, un des mots clés de la nouvelle doctrine est « incertitude », qui justifie un accent mis sur la flexibilité, la résilience et la diversité des capacités stratégiques américaines. La maîtrise des armements est traitée comme un champ dans lequel les Etats-Unis ont été abusés et sur lequel il convient de revoir les paradigmes.
Au vu de ce nouvel environnement, Washington adopte une vision de la stabilité stratégique qui se rapproche de celle défendue par Moscou, et donc élargie aux capacités non-nucléaires telles que des armes conventionnelles avancées. Désormais, l’administration américaine reconnaît que des nouvelles menaces, par exemple le cyber, peuvent affecter la stabilité stratégique, tant en temps de crise qu’en matière de course aux armements.
Alors que traditionnellement, Washington considérait que la stabilité stratégique était atteinte par une capacité à dissuader grâce à une seconde frappe assurée, la NPR établit que cette capacité n’est plus suffisante car l’escalade d’une crise peut survenir de manière très diverses. Cette nouvelle conception se par l’extension de l’application de la dissuasion nucléaire, l’accent mis sur la nécessité d’adapter les stratégies à chaque adversaire potentiel et la reconnaissance d’interactions entre le domaine nucléaire et de nouvelles menaces, en particulier cyber.
Aux yeux d’Heather Williams, ce glissement qui aligne les Etats-Unis sur la Russie complique singulièrement toute perspective de maîtrise des armements et rend intenable la position traditionnelle américaine qui refuse d’intégrer la défense antimissile ou les armements conventionnels aux débats de réduction ou limitation des armements stratégiques.
Devant ce constat, elle formule quelques recommandations, comme la reconduction du New Start, la réflexion autour d’accords tels que ceux de 1972 liant réductions d’armes offensives et de systèmes défensifs, l’adoption d’une déclaration jointe de non-agression cyber des installations de commandement et de contrôle nucléaire et enfin la considération de part et d’autre de mesures de maîtrise des armements asymétriques.
Strategic Stability, Uncertainty and the Future of Arms Control
Heather Williams
Bulletin n°54, mai 2018