L’année syrienne de Moscou et la "multipolarisation" du monde : la Russie en quête d’un rebond

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Isabelle Facon,

in Russie 2016 : Regards de l'Observatoire franco-russe, Arnaud Dubien (dir.)

, 28 septembre 2016

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La séquence diplomatique russe 2014-2015 aura été marquée par les efforts du Kremlin pour démontrer que le conflit en Ukraine et la crise profonde que celui-ci a suscitée dans les rapports entre Moscou et l’Occident n’avaient pas eu l’effet escompté dans les capitales occidentales – à savoir l’isolement international de la Russie. Moscou aura ainsi beaucoup valorisé son partenariat stratégique avec la Chine et, plus largement, l’accélération du rééquilibrage de sa politique extérieure vers l’Asie, engagé dès le milieu des années 2000. On peut mentionner, à cet égard, le double sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des BRICS qui s’est tenu en juillet 2015 dans la ville d’Oufa, capitale du Bachkortostan. Les médias occidentaux l’ont peu couvert, mais il a donné lieu à différentes décisions soulignant au moins la vitalité relative de ces deux incarnations de l’ordre international multipolaire que Moscou appelle de ses vœuxOn pense notamment à la décision de lancer le processus d’adhésion de l’Inde et du Pakistan à l’OCS..

Deux mois plus tôt, en mai, les présidents russe et chinois avaient signé une déclaration assez inattendue évoquant leur souhait de coordonner l’Union économique eurasiatique (UEE) et la Ceinture économique de la Route de la soie. Le refus d’un certain nombre de pays non-occidentaux de suivre le mouvement des sanctions à l’encontre de Moscou (Chine, Israël, Corée du Sud, par exemple) avait également pu être utilisé par le Kremlin pour étayer l’idée d’un échec de l’Occident à ostraciser la Russie à une échelle globale. Le président russe déplorait d’ailleurs, dans son discours à la soixante-dixième Assemblée générale de l’ONU en septembre, que « les sanctions unilatérales contournant la charte de l’ONU » soient « quasiment devenues la norme » – espérant sans doute toucher la sensibilité à ce sujet de pays ancrés dans l’économie globalisée mais qui, tendant à revendiquer un rôle autonome dans les affaires internationales, s’interrogent sur la possibilité de faire un jour, à leur tour, l’objet de ce type de sanctions.

En s’engageant militairement en Syrie le 30 septembre 2015, la Russie a ouvert une autre séquence de sa politique internationale. Ce tournant est intervenu dans un contexte interne marqué par la crise économique, liée principalement à la stagnation durable des prix du pétrole à un bas niveau, et alourdie par les conséquences des sanctions occidentales. En sus du souci de Moscou de prévenir ce qui serait, dans sa perception, un énième changement de régime imposé par les puissances occidentales sans égard pour les conséquences sur la sécurité régionale et globale, cette intervention est motivée par de multiples objectifs secondaires.

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Isabelle Facon,

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