Futures capacités américaines : perspectives scientifiques
Observatoire de la dissuasion n°41
Emmanuelle Maitre,
mars 2017
En décembre 2016, le Defense Science Board a publié un rapport indiquant sept priorités à l’attention de la nouvelle administration américaineSeven Defense Priorities for the New Administration, AD1028950, Report of the Defense Science Board, décembre 2016.. L’une d’entre elles concerne la dissuasion nucléaire et agrège des recommandations issues de nombreux rapports du Conseil établis depuis une dizaine d’années.
Le 10 mars 2017, trois membres du Conseil sont venus présentés à la Commission des forces armées de la Chambre les conclusions de ce rapport. Celles-ci concernent notamment un soutien fort au renouvellement de la Triade considéré comme indûment retardé, et la prise en compte de différents défis technologiques. En termes de menaces, les scientifiques estiment que l’entreprise nucléaire américaine devrait se préparer à différentes requêtes des décideurs militaires pour gérer l’évolution des arsenaux russes et chinois, comme par exemple des armes de plus faible puissance. Ils recommandent de privilégier des architectures ouvertes et de s’intéresser aux techniques de fabrication de pointe. Ils insistent également sur la nécessité de recapitaliser la Triade, mais également les infrastructures nécessaires à son développement et à son entretien. Par ailleurs, ils indiquent que le dernier exercice de réflexion stratégique conjoint entre le Département d’État et le Département de l’Énergie date de la Guerre froide, et que les précédents programmes de modernisation ont davantage été de la gestion qu’un vrai processus de réflexion systémique. Ils invitent donc à renouveler ce type d’approche et à mieux travailler en amont des programmes entre DoD et Doe.
Un autre champ de recommandations concerne la « capacité de survie nucléaire », ou plus précisément la capacité de l’ensemble de l’armée à pouvoir opérer dans un environnement nucléaire. Là encore, ils estiment que cette capacité a disparu et proposent une méthode globale pour la faire renaître dans toutes les composantes de l’armée. Enfin, ils consacrent une partie entière aux questions de prolifération qui leur semblent aigues. Ils conseillent aux États-Unis de renforcer leurs capacités de détection précoce des programmes proliférants et notamment d’investir dans les recherches d’analyse nucléo-légale pour anticiper les nouvelles techniques de prolifération.
Au terme de leur audition, les membres du Conseil ont insisté sur le fait qu’ils ne cherchaient pas à influencer les décideurs militaires sur les besoins effectifs, mais à indiquer quelles capacités technologiques et scientifiques étaient a priori nécessaires pour subvenir à ces demandes dans un contexte d’incertitude sur le futur.
Futures capacités américaines : perspectives scientifiques
Bulletin n°41, mars 2017