Notes de la FRS

Les forces spatiales américaines Modernisation et restructuration

Publication générique pour un programme/observatoire n°00/2020
Philippe Gros
Nicole Vilboux
15 juillet 2020 Version PDf

Introduction

Dans le contexte de compétition stratégique qui fonde la politique de sécurité américaine depuis le milieu de la décennie, l’espace suscite un intérêt renouvelé. Sur le plan sécuritaire, les États-Unis ont longtemps considéré l’espace comme un domaine restreint d’appui à la dis-suasion stratégique (renseignement, alerte avancée et SATCOM pour le C2 nucléaire). À la fin de la Guerre froide, émergent de nouvelles capacités d’appui aux opérations (GPS, SATCOM large bande), une tendance qui ne fait que s’accroître après la guerre du Golfe, dans les années 1990, avec le primat accordé aux opérations de théâtre (aboutissant par exemple à la réorientation des missions de reconnaissance ou encore à une meilleure intégration du C2 de ces activités spatiales, etc.). Les systèmes spatiaux sont depuis devenus un élément indispensable à la conduite de toutes les opérations militaires, à la sécurité stratégique, comme à la vitalité de l’économie nationale.

Cependant, il s’agit aussi désormais d’un domaine contesté, où les rivaux chinois et russe accroissent leurs capacités potentiellement offensives, alors que les États-Unis conservent une posture vulnérable2. L’évolution de ces capacités est détaillée dans le rapport n°2 de l’Observatoire. On se contentera donc d’en rappeler l’essentiel ici : les Chinois comme les Russes testent des missiles antisatellites, depuis le milieu de la précédente décennie dans le cas de Pékin. Ils ont également démontré leurs capacités de rendez-vous orbital en mesure de constituer le cas échéant une menace ASAT. Pékin a également développé des lasers d’aveuglement des capteurs, Moscou peut-être aussi. Les Russes se sont livrés à des manoeuvres orbitales, notamment à proximité des satellites en orbite géostationnaire (GEO), jugées très anormales pas les Américains.